Autisme, injustice épistémique et handicap épistémique : une approche relationnelle de l'agentivité épistémique

Ajouté le 04/08/2024

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Article de revue du type Développement théorique ( ; anglais)

Amandine Catala*, Luc Faucher, Pierre Poirier , Autism, epistemic injustice, and epistemic disablement: a relational account of epistemic agency publié dans la revue "Synthese", n°199, 27 pages , doi:10.1007/s11229-021-03192-7

*Un·e co-auteur·rice est autiste. [En savoir plus sur cette mention]

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Le contraste entre les récits à la troisième personne et à la première personne des expériences des personnes autistes nous apprend beaucoup sur l’injustice épistémique et l’agentivité épistémique. Cet article soutient que pour parvenir à une plus grande justice épistémique pour les personnes autistes, il faut développer une approche relationnelle de l’agentivité épistémique. Nous commençons par identifier systématiquement les nombreux types d’injustice épistémique auxquels les personnes autistes sont confrontées, en particulier en ce qui concerne les hypothèses générales sur la sociabilité des personnes autistes ou son absence, et en localisant la source de ces injustices épistémiques dans la neuronormativité et l’ignorance neurotypique. Nous soutenons ensuite que cette identification systématique nous pousse à interpréter l’agentivité épistémique comme résultant d’un processus fondamentalement relationnel et dynamique entre un individu, les autres autour de lui, et son environnement social, culturel ou institutionnel, plutôt que comme une propriété fixe et inhérente aux individus. Enfin, nous montrons comment notre approche relationnelle de l’agentivité épistémique nous permet d’introduire les nouveaux concepts de handicap épistémique et d’habilitation épistémique. Nous soutenons que ces deux concepts nous permettent de suivre plus précisément les mécanismes qui sapent ou facilitent l’agentivité épistémique, et ainsi de mieux comprendre comment l’injustice épistémique survient et de concevoir des interventions plus efficaces pour favoriser une plus grande justice épistémique pour les personnes autistes.

The contrast between third- and first-personal accounts of the experiences of autistic persons has much to teach us about epistemic injustice and epistemic agency. This paper argues that bringing about greater epistemic justice for autistic people requires developing a relational account of epistemic agency. We begin by systematically identifying the many types of epistemic injustice autistic people face, specifically with regard to general assumptions regarding autistic people’s sociability or lack thereof, and by locating the source of these epistemic injustices in neuronormativity and neurotypical ignorance. We then argue that this systematic identification pushes us to construe epistemic agency as resulting from a fundamentally relational and dynamic process between an individual, others around them, and their social, cultural, or institutional environment, rather than as a fixed and inherent property of individuals. Finally, we show how our relational account of epistemic agency allows us to introduce the novel concepts of epistemic disablement and epistemic enablement. We argue that these two concepts allow us to more accurately track the mechanisms that undermine or facilitate epistemic agency, and thereby to better understand how epistemic injustice arises and to design more effective interventions to foster greater epistemic justice for autistic people.


 
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